Le producteur
Qui est tu ?
Je m’appelle Benjamin Pousin. Je viens de Saint Pierre des Corps.
Quel a été ton parcours avant ton métier actuel ?
J’ai fait mes études à Guérande du BEP au BTS. J’ai plus précisément fait un Brevet d'Études Professionnelles Agricole, un Bac professionnel puis un Brevet Technicien Supérieur agricole. J’ai donc passé 6 ans à Guérande dont 4 ans d’internat et 2 ans de colocation. J’ai ensuite travaillé 6 mois en aquaculture continentale en Lorraine. Et, en 2008, je suis revenu à Tours où j’ai travaillé à Auchan à Chambray-Lès-Tours, travail que j’ai quitté en août 2020, pour aller apprendre de nouvelles choses.
J’ai donc réalisé 1 an de stage en maraîchage diversifié dans 3 fermes différentes en Indre et Loire.
Et actuellement, je réalise une formation complémentaire : la formation Stage Paysan Créatif, depuis janvier 2021 via la Coopérative d’Installation en Agriculture Paysanne du Centre-val-de-Loire et via l’Association pour le Développement de l’Emploi Agricole et rural 37. J’ai alors réalisé une formation pour l’année mais aussi des formations ponctuelles (chiffrer son projet, enregistrer sa comptabilité, agroforesterie).
Pourquoi avoir choisi le métier de maraîcher ?
J’ai choisi ce métier pour le retour aux sources, par la terre, dans la continuité de mes études. L’activité de maraîchage est l’activité agricole qui me ressemble le plus. J’ai aussi choisi cette activité par rapport à l’écologie, au lien social maraicher/consommateur, et le fait qu’on puisse en vivre. J’ai réussi à rallier tous mes centres d’intérêts (professionnels et personnels).
Depuis quand t’es-tu lancé ? Et pourquoi ici ?
Je suis arrivé en 2020 sur la propriété à la Fontaine sur Saint Paterne Racan.
Ce lieu répond à beaucoup de critères demandés que ce soit pour la vie personnelle ou professionnelle. Du point de vue personnel, il y a l’école pour les enfants et le travail de ma femme. Et du point de vue professionnel, il y a l’accès aux terres agricoles, et une quantité d’eau suffisante grâce aux sources, à la rivière, et aux bassins de la propriété.
Les premiers paniers de légumes sont censés arriver pour la deuxième semaine de mai mais l’activité de maraîchage commencera début janvier c'est-à-dire qu’il y aura une préparation de la pépinière : monter les tunnels, mettre l’irrigation en place, poser les bâches, …
Par quels moyens ?
Je me suis lancé de façon autonome. A l’origine, nous nous sommes installés ici surtout pour la ferme qui est très intéressante mais la commune de Saint-Paterne nous a chaleureusement accueillis.
Il faut 2 ans pour se reconvertir en bio et avoir le label
Exemple avec mes produits : 3 ans pour passer les mirabelles en bio, 2 ans pour tout le reste
Quels produits proposes-tu et sous quelle forme ?
LEGUMES :
J’ai pour projet de proposer 3 types de paniers de légumes :
- Petit pour 1 à 2 personnes : 6 variétés de légume (11 euros)
- Moyen pour 2 à 4 personnes : 7 variétés de légume (18 euros)
- Grand pour plus de 4 personnes : 8 variétés de légume ou + (24 euros)
Exemple de produits selon les saisons :
Eté : salade ou mâche ou roquette ou mesclun, tomate, aubergine, concombre, courgette, haricot vert, carotte, …
Hiver : tous les 15 jours des pommes de terre, choux, courges, …
Les variétés de légumes vont tourner chaque semaine. Mais l’été il peut y avoir des tomates et des courgettes chaque semaine. Il y aura environ 45 variétés de produits sur l’année sur la ferme pour que les paniers soient variés au maximum.
Les paniers de légumes sont préparés selon un abonnement pris à l’année. C’est mon activité principale.
FRUITS :
Les fruits seront sur commande exceptionnelle de temps à autre. Je pourrai par exemple vendre des caisses de 5Kg de mirabelle à 25 euros. Il pourra aussi y avoir des fraises et de la rhubarbe exceptionnellement.
VIANDE :
Dès la première année, je pourrai également vendre des caisses de moitié d’agneau (faites à l’abattoir de Bourgueil) qui seront proposées entre juin et août.
AUTRES :
Dans 3 ans, je pourrai potentiellement aussi vendre des œufs.
Comment se déroule la fabrication de tes produits ?
La production des légumes aura lieu sur 1300 mètres carrés de serres tunnel pour tout ce qui est plan chaud d’été et primeur, et sur 6000 mètres carrés de culture en plein champs. Le travail sera réalisé à 90% manuellement sauf pour la partie motoculteur et débroussailleuse.
Les étapes de production de légumes vont de la graine jusqu’à la récolte :
Je dois préparer la terre avec le motoculteur avant de semer la première année. Je prépare mes planches permanentes qui composent les différents jardins ou sont cultivés les légumes, les planches ne bougent pas. Les planches mesurent toutes 48 mètres de long. Un jardin mesure donc 12 mètres de large sur 48 mètres de long.
Sinon, je ne laboure jamais car en labourant on remonte la vieille terre sur le dessus mais la bonne terre passe en-dessous. Donc on met en surface de la terre sans vie et on « enterre » les organismes qui servent à créer de la vie. Et le temps que l’équilibre se refasse, il faut plusieurs mois.
Et je prévois de faire des rotations de culture c'est-à-dire que sur la même planche, le même légume ne reviendra que tous les 10 ans dans les champs et que tous les 4 ans dans les tunnels.
Ensuite, je sème la graine en plaque (directement dans le jardin avec semoir manuel), motte, ou godet. Exceptionnellement, pour la première année, j’achèterai des plans. J’ai pour but d’éviter les graines hybrides (mélange de plusieurs espèces pour résister plus par exemple) et de favoriser les variétés anciennes.
Ensuite je dois entretenir les cultures avec des étapes intermédiaires : désherbage, arrosage, gestion des voiles pour les cultures à protéger. Le désherbage et les voiles permettent de ne pas traiter.
Enfin, il y a la récolte des produits.
Ta relation avec l’AMAP
Comment as-tu connu le mouvement des AMAP ?
J’ai connu le mouvement des AMAP pendant stages en 2018 chez Fabian Jaubertou à Bueil en Touraine « Les Jardins de la Butte », qui était dans une AMAP. Il m’a convaincu du système AMAP, avec le fait de commercialiser autrement qu’un circuit long (donc circuit traditionnel), avoir le soutien du consommateur, un échange entre producteur et consommateur.
Fais-tu partie de plusieurs AMAP ?
Mon but serait de faire une autre AMAP à Tours dans le quartier Rue Blanqui car c’est un quartier où il n’y a pas d’AMAP et je connais du monde qui serait intéressé pour acheter des paniers selon le système de l’AMAP. Il y a aussi une bonne accessibilité pour moi, je prends l’autoroute et j’y arrive facilement. C’est proche de Saint pierre des corps donc j’y connais du monde.
Peut être que je voudrais également constituer une AMAP à Neuillé Pont Pierre selon que les gens viennent à celle de Saint Paterne Racan ou pas.
Quelle est ton opinion sur la philosophie d’une AMAP ?
Je suis totalement favorable au circuit court. L’AMAP a du bon pour l’environnement, un côté social et un contact développé entre consommateurs et producteurs.
Je note une transparence avec les consommateurs que je souhaite mettre en application via des ateliers (arrachage de pommes de terre, ramasser les courges, plantation des oignons, désherbage) peut-être 1 fois par mois un jour de week-end en demi-journée ou journée complète. Je souhaite aussi faire des Assemblées Générales extraordinaires liées à un producteur pour présenter mon état des lieux, ce qui plait ou pas dans ma production, ce qui a fonctionné ou non, mes problèmes financiers, la présentation de mon chiffre. Le but est de montrer aux consommateurs à quoi leur argent sert. Les gens sont bienvenus à la ferme s’ils ont un doute sur les produits utilisés ou les méthodes de production.
Le but qui m’anime également est de contrer la grande distribution qui suit un système d’achat-revente avec une inflation de prix énorme.
Le seul inconvénient pourrait être que peu de gens connaissent le système des AMAP. Je note aussi un manque de liens entre les AMAP. Et certaines AMAP ne sont plus sur l’idéologie de base, elles se sont transformées en centre commercial.
Le lien pourrait être remis en avant avec le regroupement des AMAP centre val de Loire. On pourrait se regrouper avec des producteurs étrangers, pour moins polluer.
Entre plusieurs AMAP, il faudrait rester sur la même base de données, que les consommateurs ne soient pas choqués de passer d’une AMAP à l’autre.
Qu’est-ce que l’AMAP peut t’apporter d’un point de vue pratique ?
Le jour fixe de distribution des produits est mon jour de récolte donc l’AMAP m’aide à m’organiser. Ainsi, je produis exactement le nombre de paniers demandés, je n’ai pas de pertes, pas de surproduction, cela me permet de quantifier, je n’ai pas besoin d’embaucher quelqu'un d’autre, et cela me permet d’augmenter ma qualité de vie.
L’AMAP me permet d’avoir une avance financière car le chèque du début du contrat est encaissé qu’en juin mais l’année (l’adhésion) est payée dès le début. L’avance monétaire est super importante.
J’aime aussi le fait de toucher un client-type, modifier la mentalité des clients.
Il n’y a pas d’achat forcé, ou de surconsommation pour le consommateur.
Je bénéficierais d’un coup de main pendant les chantiers participatifs (ateliers) qui permettent de faire découvrir le métier, le lieu, les pratiques réalisées dans les jardins.
Le référent m’est aussi très utile car il fait le lien entre moi et les consommateurs pour les chantiers par exemple c'est-à-dire qu’il prévient par mail les consommateurs concernant les ateliers, le référent communique aussi les commandes, les bulletins du producteur, …
Interview réalisée par Solange REMY (référente de Benjamin POUSIN)